« Dépassez-vous vos limites » ?

En ce lendemain de Noël, j’ai un cadeau très spécial pour vous : Ally Hamilton, l’une des fondatrices de yogisanonymous.com, m’a autorisée à traduire ses posts. Je le lui ai demandé car ils m’ont énormément aidés, et m’aident toujours, à développer une vision plus positive de moi-même et de mes batailles avec mes propres peurs et limites. Que vous soyez ou non pratiquants de yoga, je pense que vous pouvez les lire avec profit.
Nous n’avons guère une culture de la pensée positive en France, donc certains passages, voir l’ensemble, vous paraîtrons peut-être ridicules. Pour ma part, je crois en leur justesse, d’où ce travail de traduction.
N’hésitez pas à aller faire un tour sur son site pour les lire en VO : http://blog.yogisanonymous.com/

Voici donc ma première traduction :

Yogis Anonymous – 24 déc 2013

Parfois quand j’enseigne, je vois des gens qui essaient d’aller au-delà de leur souplesse, même si cela les empêche de respirer profondément. Ils deviennent pourpres et grimacent, mais ils n’arrêtent pas tant que je ne viens pas le leur dire, les ramener en un lieu où ils peuvent respirer, s’ouvrir et atteindre un niveau égal d’effort et d’aisance. Si vous vous accrochez de toutes vos forces, vous n’arriverez pas simultanément à vous relaxer et à relâcher les tensions. Et encore moins à nourrir une voix aimante.

Il y a tellement de choses qui peuvent pousser les gens à ne pas écouter les messages que leurs corps leur envoient. Culturellement, nous sommes entraînés à faire ça : « no pain, no gain » (sans peine, pas de réussite). On nous fait croire que nous sommes dans une sorte de combat avec nos corps, que nous devons les dominer pour gagner. Et c’est triste parce qu’on vit dans nos corps. Ils sont notre maison. Nous ne voulons pas vraiment être en guerre dans notre propre maison. Mais beaucoup de gens vivent ainsi, déconnectés de la plus grande source de sagesse qu’ils aient.

Dans certains cas, je pense que c’est un problème de limites. Si vous grandissez dans une famille dans laquelle il n’y a pas de limites claires, où vous vous sentez impuissant et effrayé, ou si vous avez l’impression que vos sentiments n’ont aucune importance pour les gens et le monde autour de vous, vous pouvez avoir beaucoup de difficulté à reconnaître un signe indiquant qu’il est temps de reculer. De quoi ça pourrait bien avoir l’air ? Quelle sensation ça provoquerait ? Si vous avez passé votre vie à avoir vos sentiments piétinés, allez-vous seulement percevoir que votre corps vous demande d’arrêter ? Ou bien est-ce qu’ignorer votre ressenti ne vous apparaîtrait pas comme une seconde nature ? Je veux dire que vous êtes peut-être complètement habitué à cette lutte entre votre intuition et votre personnalité. Votre corps dit non, et ce « vous », auquel vous vous identifiez, vous dit « bon sang, si ! » Peut-être que vous ne savez pas comment honorer votre ressenti. Peut-être que cette idée ne vous est même jamais venue à l’esprit.

Si vous avez grandi en pensant que l’amour est conditionnel, qu’il doit être gagné, que vous pourriez le perdre en un clin d’œil si vous foirez, cela va se répercuter dans chaque aspect de votre vie. Parfois, les gens viennent me voir après le cours et s’excusent d’être fatigués. C’est arrivé un nombre incalculabe de fois au fil des années : « je suis désolé, je n’y suis pas arrivé aujourd’hui, je suis épuisé » Et alors ? C’est votre pratique. C’est votre moment pour vous soigner et encourager. Pour vous écouter en profondeur et répondre avec honnêteté et compassion. Vous ne me devez rien. Je suis là pour vous. Vous ne me devez pas une classe « forte » ou beaucoup d’énergie, ou neuf cent chaturangas (position de la planche en yoga). Ça n’a rien à voir avec moi. Vous ne me devez certainement pas d’excuse. Je veux bien un hug (câlin) si vous voulez m’en faire un, mais c’est tout. On est égaux. Vous êtes venus et vous avez écouté votre corps ? Je suis ravie. Bon boulot. Rentrez à la maison et offrez vous une bonne nuit de sommeil. Et on recommence demain.

Ceci dit, je comprends. Je comprends l’envie de plaire, de progresser, de vous pousser de manière à être digne d’amour. Bien sûr que vous êtes dignes d’amour. Vous êtes faits d’amour, je le crois vraiment, en être digne n’est même pas la question. Mais vous pourriez ne pas encore le savoir. J’ai vécu comme ça pendant plusieurs années. J’ai joué à ça avec un nombre incalculable de profs à l’école, dans les studios de danse et aussi dans ceux de yoga. J’ai du m’excuser d’être fatiguée une ou deux fois avant de comprendre ce que j’étais en train de faire. Avant de réaliser que j’amenais mes problèmes sur mon matelas de yoga et que je faisais de ma pratique un nouvel endroit où me flageller. Il m’a fallu des années pour m’en rendre compte.
La beauté d’une pratique régulière de yoga est que votre matelas devient un miroir. Il vous réfléchit tous les endroits que vous avez encore à guérir. Toutes les tendances qui ne vous aident pas. Il vous donne un moment de calme pour observer le monde en vous sans lui attribuer de catégorie ou d’étiquette. Juste un peu de temps pour regarder autour et absorber, et noter la qualité de la relation que vous avez avec vous-même. Pour écouter votre dialogue intérieur en prenant du recul et affamer toute voix négative en vous. Ce cri de « mais si, tu vas le faire » alors que votre corps dit « s’il te plaît, pas encore ».

Ce que vous nourrissez va grandir et se renforcer. Et votre pratique est un lieu où vous pouvez vous consacrer à nourrir de l’amour. A remplir votre réservoir de patience, de conscience, d’honnêteté et de compassion pour répandre ces choses partout où vous allez. Le plus beau est que c’est un cadeau que vous vous faites à vous même, votre processus de guérison, mais aussi à un cadeau à chaque personne que vous rencontrez. C’est la raison pour laquelle je crois que c’est notre travail de guérir. Il est de notre responsabilité d’être en paix avec nous-même pour pouvoir offrir de l’amour. Le monde à besoin d’autant d’amour que nous pouvons en apporter. Il n’a pas besoin de plus d’agressions, de déni, de répression. Mais si vous pensez que le monde autour de vous pourrait être plus paisible, il n’y a qu’un endroit à ma connaissance où vous pouvez commencer : votre monde intérieur. Comme toujours, vous pouvez pratiquer avec moi online si vous voulez essayer […] parce que ça a changé ma vie, et c’est pourquoi j’enseigne. Je vous envoie de l’amour.
Ally Hamilton.

 

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